MICHELIN 1

Entrez votre texte iPréambule : ce long texte historique, et technique, est extrait des revues « transport moderne »(1932/1935) et pour la deuxième partie « électrique » IDR (l'Indépendant du Rail 1979). Je n'ai pas touché au texte malgré la longueur, sauf corrections, quelques détails (dates et photos), mise en pages. Certains passages sont assez partisans (doux euphémisme) mais il y a une belle vérité tout de même : l'auteur justifie son texte en fournissant les études techniques, et les chiffres. C'est ce qui fait la valeur de ce texte…

Bonne lecture

En octobre 1929, un singulier véhicule enfonçait dans son élan les portes des usines Michelin de Clermont Ferrand, évènement symbolique. Ce véhicule était une 40 CV Renault, montée sur pneus ordinaires, mais dont les roues avaient été munies de flasques de guidage et que les dirigeants de la Maison Michelin avaient eu la curieuse idée de vouloir faire rouler sur les voies de service de leur usine. 

Si nous rapportons ce fait devenu presque historique, c'est que nous pensons qu'il offre, par de là l'intérêt des réalisations techniques proprement dites, un exemple frappant de la fécondité des recherches tenaces dans une même direction et d'une attitude d'esprit ouverte à la curiosité sans égard pour les idées toutes faites. L'étrange engin de 1929 illustre bien cet exemple. 

C'est la première fois qu'un véhicule sur rails utilise le pneu d'auto qui existe cependant depuis trente-quatre ans (brevet 1891). Mais cet engin bizarre n'est que le premier terme d'une série que nous allons décrire et dont chacun serre le problème de plus près, pour extraire de l'idée qui l'a conçu tous les bénéfices latents qu'elle renferme. Les Michelines constituent une solution originale à la question des autorails, question passionnante, car elle met en conflit, dans une grande industrie fortement organisée et disciplinée et, par conséquent, traditionnaliste, des habitudes, des techniques classiques avec des procédés nouveaux. 

Cette question oblige à renouveler les jugements et les méthodes. Les problèmes qu'elle soulève dépassent l'engin lui-même, puisqu'ils concernent non seulement le service du Matériel et de la Traction, mais encore celui de l'Exploitation, obligé de « repenser » ses méthodes et même le service de la Voie intéressé par les répercussions de l'emploi des autorails sur la signalisation et l'entretien. L'ardeur avec laquelle le problème des automotrices a été abordé par les Constructeurs montre bien sa fécondité.

L'attaque a été menée de plusieurs côtés, pour ne prendre que cela : 

  • Bugatti a plus particulièrement cherché la solution dans la surpuissance avec ses avantages d'endurance, de souplesse et de facilité de transmission,
  • Renault a eu le mérite de s'attacher au problème du Diesel et de lui chercher une solution française,
  • Michelin, créateur du pneumatique automobile, a conçu tout son autorail en fonction de celui-ci. Il a construit sa Micheline…

Il est nécessaire de remonter en arrière pour bien saisir la portée des applications du pneu et de ses avantages dans les transports.

Bugatti "présidentiel"
Bugatti "présidentiel"
"Picasso" de Renault
"Picasso" de Renault